Changements constitutionnels en Mauritanie : un grand quotidien français explique le refus du changement du drapeau par la nostalgie du colonialisme.

L’image de gauche: Xavier Cappolani, l’artisan français de la pénétration coloniale en Mauritanie, avec des notables mauritaniens. L’image de droite:  le nouveau projet de drapeau mauritanien avec deux bandes rouges qui mémorisent les sacrifices des martyrs tombés dans les combats contre le colonialisme français.

Dans son article, « La Mauritanie va changer de drapeau national », le journal Le Parisien, le plus grand quotidien français, décrit les modifications apportées au drapeau national en écrivant :

 "Deux bandes rouges, symbolisant le sang versé par les «martyrs de la résistance», seront ajoutées au croissant et à l'étoile jaunes sur fond vert figurant déjà sur ce drapeau."

Puis, le journal commente leur signification en évoquant les arguments du camp qui s’y oppose:

« Certains détracteurs estiment que le pouvoir en place tente de réécrire l'histoire du pays, rappelant qu'à l'époque coloniale, une partie de la population s'est opposée à l'indépendance et que ce changement de drapeau risque de raviver de vielles blessures en divisant les Mauritaniens . »

Pour Le Parisien, la position des adversaires au changement du drapeau s’explique, donc, par leur refus de mémoriser les sacrifices consentis contre la pénétration coloniale. Mais la question va plus loin encore, selon le journal français.

En liant ce refus au fait qu’«une partie de la population s'est opposée à l'indépendance », le quotidien français voit dans cette attitude le réveil de vieux sentiments profrançais chez les nostalgiques du colonialisme. C'est vrai cependant qu'il ne s'étale pas trop sur cet aspect préférant l'aborder sous l'angle des "divisions au sein des Muritaniens" qu'il imagine pouvoir en résulter. 

Malgré une telle précaution, l'explication n’est pas de nature à plaire aux citoyens mauritaniens qui, dans leur écrasante majorité, restent très attachés à la résistance anticoloniale et aux mouvements de libération qui ont milité pour l’indépendance du pays.

Prenant conscience de cela, Mohamed Ould Abdel Aziz n'a eu aucun mal à accompagner activement ce mouvement de restauration de l'histoire. Ses compatriotes saluent en lui le fait qu'il est le premier président mauritanien à porter le drapeau de la mémoire anticoloniale.

Dans cet ordre d'idées, Le Parisien fournit- sans le vouloir certainement- des arguments supplémentaires susceptibles de servir le camp du Président Aziz au sein du sénat. Ses amis et alliés politiques ne manqueront pas de les mettre en valeur lors des débats en prélude au vote des changements constitutionnels dans cette institution parlementaire où ils ont déjà une majorité suffisamment confortable.

El Boukhary Mohamed Mouemel

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