Voilà qui ressemble à quelque chose : un parlement qui enquête sur des soupçons de mauvaise gestion au niveau de l'exécutif, un gouvernement qui démissionne pour libérer de leurs charges des ministres cités dans le rapport d'enquête parlementaire, une Justice qui prend le dossier en main pour déterminer les responsabilités et prononcer ses sentences. N'est-ce pas la quintessence du principe de séparation des pouvoirs ?
Nous ne pouvons que nous en réjouir, en saluant la volonté en haut lieu de laisser libre cours à ce processus, ainsi que le consensus qui s'est constitué là-dessus à l'Assemblée nationale. Nous n'avons aucune raison de penser que le pouvoir judiciaire fera fausse note dans cette superbe symphonie où les élus du peuple, la scène politique, la société civile et l'opinion nationale en général ont accordé leurs violons pour clamer leur rejet total de toute forme de dilapidation des deniers publics.
La déception serait énorme si les auteurs de la mise à sac, à une aussi grande échelle, des ressources du pays ne reçoivent pas un châtiment à la mesure de leurs forfaits, avec restitution des biens dérobés. L'heure est au combat ouvert contre la gabegie et les gabegistes. Même si un KO au premier round est exclu, une victoire décisive sera précieuse pour frapper les esprits et montrer à quel point la détermination est forte.
Ce qui est remarquable et louable, c'est que le processus a été conduit, étape par étape, dans le cadre du fonctionnement normal d’un État démocratique. C'est la légitimité institutionnelle en action. Nul n'est en droit de mettre en cause cet acquis fondamental pour notre nation en devenir. L'Etat traite ses citoyens sur un pied d'égalité, les tient responsables de leurs actes et les juge, en cas d’agissement coupable, selon les dispositions prévues par les lois de la République.
Il est mondialement établi que la gabegie est la plaie du développement. Elle annihile tout effort de progrès. Son éradication est la condition première d’une bonne gouvernance et ne doit souffrir aucune faiblesse. En cela, l'affaire qui secoue actuellement la scène nationale est exceptionnelle, par ses dimensions et ses protagonistes. Elle offre l'occasion d'une action d'éclat qui fera date dans l'histoire et confirmera la fermeté de l'engagement pris dans la lutte contre la corruption, en plus de sa forte charge dissuasive pour l'avenir.
Qui peut le plus peut le moins.
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