La couleur du vent d’Aichetou Mint Ahmedou, le récit d’un profond mouvement chaotique qui finit en beauté.

La couleur du vent d’Aichetou Mint Ahmedou, le récit d’un profond mouvement chaotique qui finit en beauté.

Le premier roman écrit en français par une femme mauritanienne, que j’ai lu s’appelle « la couleur du vent ». L'auteure: Aichetou Mint Ahmedou. Je l’ai découvert, il y a quatre à cinq ans environ.

A défaut de dire les sensations qu’il m’avait inspirées à l’époque, j’ai eu à en parler brièvement et d’une façon improvisée il y a deux jours à la demande d’un journaliste de la nouvelle chaine de télévision mauritanienne dédiée à la culturelle, Athakavia (الثقافية). C'était lors d’un enregistrement de la belle émission « Passion du livre », que produit et anime Yedaly Fall ; un enregistrement qui vient d’être diffusé depuis quelques heures.

Il me semble, comme l’indique le titre, que l’auteure fait le récit d’un mouvement de société qui est à l’image du vent et sa couleur : complexe, diffus, pas facile à cerner.

En choisissant, le genre romanesque pour sa narration, son mode d’expression sied bien au portrait d’une Mauritanie en mutation profonde, un pays dont les nouvelles élites sont en grande partie à la recherche du chemin conduisant à la modernité alors que la grande masse reste attachée aux traditions séculaires. Une jeune nation qui amorce un virage, et/ou, qui emprunte un parcours non linéaire, parsemé d'embûches.

Le caractère accidenté du chemin suivi et ses obstacles n’empêchent pas Aichetou de décrire posément, sans excès ni provocations, les mutations socilogiques en cours et leurs cascades dans un style littéraire classique bienséant, à la fois empreint de pudeur et expressif : un langage mésuré, soigné et simple.

 Il s’agit pourtant d’un mouvement aléatoire qui suit des trajectoires instables que les principaux acteurs, qui appartiennent dans leur grande majorité à la classe moyenne, trouvent souvent du mal à maitriser. Pour faire contre poids aux incertitudes, et au chaos que cela pourrait engendrer, l’auteure est allée à contre courant : la fin est souvent heureuse pour les personnages de son roman.

Il faut dire qu’Aichetou est par ailleurs écrivaine de conte. Et comme le conte finit toujours en merveille, les scénarios de « la couleur du vent » finissent, eux aussi, dans leur totalité en beauté.

Ce paradoxe est inattendu, car les intrigues sont construites simplement et faciles à saisir, contrairement à leurs dénouements qui, quelque part, nous semblent parfois un peu contre nature. Et c’est là que réside l’un des aspects qui font l’originalité de l’œuvre.

Une hypothèse d’un lecteur admiratif, qui s’est laissé emporter par le souffle de « la couleur du vent », pendant ses lectures répetées du livre. Des sensations qu'il désire revivre en lisant de nouveaux romans et écrits d’Aichetou Mint Ahmedou, l’une des auteurs francophonnes mauritaniens auxquels il voue une grande estime.

El Boukhary Mohamed Mouemel

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