Une archive coloniale vient en soutien au changement du drapeau national.

Une archive coloniale vient en soutien au changement du drapeau national.

Les Mauritaniens continuent de vivre depuis quelques temps un débat passionné, sans précédent dans le pays. Son objet : le référendum constitutionnel qui vient d’être organisé et les modifications qu’il va apporter.  Le changement du drapeau national est le 2ème  sujet qui suscite le plus de controverses après celui de la suppression du sénat. Les adeptes d’un nouveau drapeau font circuler actuellement l’image d’un fanion d’une unité coloniale française qui leur sert d'argument.

Il s’agit du Fanion du 1er Régiment de marche de spahis marocains qui a existé de 1917 à 1945 comme une unité appartenant à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l'armée française. Or cet étendard frappe par la similitude de ses éléments constitutifs et, dans une moindre mesure, ses couleurs avec le drapeau mauritanien actuel.

Cette ressemblance donne de bons arguments aux promoteurs du changement : ils y voient un clin d’œil inconscient et involontaire à l’armée coloniale alors que, selon eux, le drapeau du pays devait par contre glorifier les résistants mauritaniens qui ont combattu le colonialisme français et qui se sont opposés à sa pénétration en Mauritanie.

La reprise à une large échelle par beaucoup de Mauritaniens de ce fanion sur les réseaux sociaux ( face book, watsap…) montre que beaucoup de citoyens sont receptifs au discours des promoteurs du nouveau drapeau.  

Avec deux bandes rouges, celui-ci marque, en effet, suffisamment de différences avec le fanion colonial des spahis marocain. Mais aussi et surtout, grâce à l’introduction de la couleur rouge, le nouveau drapeau commémore, selon ses concepteurs et ses défenseurs, la mémoire des martyrs qui ont combattu le colonialisme français et tous ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur en défendant le pays.

Mis en parallèle avec le fanion du Régiment des Spahis, ce discours véhicule un message fort de patriotisme que stimule une image tirée des archives coloniales françaises. Paradoxal, n’est-ce pas !

El Boukhary Mohamed Mouemel

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